Digestif sous le soleil [pv]

Le réveil fut dur. Ouvrir les yeux sur un soleil de plomb, l’été venait à peine de commencé et la chaleur alourdissait l’air de sa pesante présence. Une brève douche, pour essayer de s’extirper un peu plus de ce monde de rêves, avant de descendre dans la rue. Son appartement, il l’habitait depuis un moment maintenant, il avait, depuis, prit l’habitude de ranger, au cas où, ce soir, il rentre avec quelqu’un… d’aussi invisible qu’à l’habitude. Quelques marches à descendre et il était dans la rue, ces ruelles bondées de monde dès les premières lueurs qui se vidaient peu à peu lorsqu’il se levait enfin… à ces heures, toute personne normal mange non ? Normalement, mais le travail de nuit pèse énormément et le matin est un instant qu’il a, depuis longtemps, rayé de son emploi du temps.

Une main dans la poche, l’autre ballant dans le vide, il avance paisiblement dans la rue, au milieu du bruit des discussions de comptoir et des histoires meublant les repas. Plus rien ne le surprend, de l’homme d’affaire trompant sa femme aux jeunes venus se vanter de leurs ébats… il entend tout « là-bas », il n’est qu’une présence invisible, un meuble… dût moins, pour certains. Esquissant un fin sourire moqueur lorsqu’il repense à toutes ces femmes qui accourent, ne cessant de commander pour le simple plaisir de le voir les servir. Le chiffre d’affaire augmente, il n’a pas à se plaindre, sa paye en dépend, mais… de toute façons, il sera toujours trop loin pour elle, non pas une question d’égo, simplement que… le corps et le cœur ne se suivent pas forcement. De sa main libre, il prend les lunettes teinté accroché à la poche de sa chemise noire, les amenant jusqu’à son visage, se masquant le regard par ces verres noir, repoussant quelques mèches obstruant sa vue d’un geste discret de la main dans le même mouvement. Un cri résonne d’un côté, puis des murmures, quelqu’un n’a pas sût se tenir peut-être. Encore un sourire, s’en serait presque drôle. Jetant un bref regard à sa tenu, il se méfit, préférant éviter de devoir la mettre à laver pour la journée car si elle reste propre, il pourra s’en servir pour son service le soir même. Un ensemble noir, bien sombre au vu du soleil qui frappe du haut de son trône céleste.

Son choix est fait, il vient de remarquer un restaurant qui ne semble pas encore plein, mais, au vu de la foule qui se trouve non loin derrière lui, il risque de se retrouver dans la même situation que ses prédécesseurs sous peu. Tournant des talons, il se dirige vers celui-ci, ne prêtant pas attention au nom ni même au genre du restaurant, tout serait révélé en ouvrant la carte… et puis, en quoi cela importait ?

*Une terrasse à l’ombre, la fraîcheur du vent sans le soleil de plomb, bonne idée du patron.*

Pénétrant dans l’ombre du store, il se défait de ses lunettes, les rangeant au même endroit que celui d’où il les a extirpées. Tirant la chaise, s’offrant la place de s’installer, il s’assoit et regard évasivement l’extérieur. Ses yeux rouges cherchent un point où se poser, n’importe quoi, quelque chose à lire, quelque chose à voir, pour ne pas avoir à penser, à revoir ce court instant qui lui revient chaque soir en mémoire. Il a fallut qu’il aime alors qu’il avait quelqu’un. Il a fallut en quitter un pour quitter l’autre. Il a fallut tout recommencer… tout, comme à chaque fois, mais il n’avait pas à se plaindre. Maintenant il était trop tard comme on dit. Et ce sourire mélancolique qui se glisse sur son visage alors qu’il fixait, désormais, les nuages… si blanc. Mais, comme à chaque fois, il oublierait un instant, ce soir, avant que tout revienne à l’instant où le drap le recouvrera…

*J’ai lu quelque part que, plus que d’être seul, c’est de retrouver la solitude qui tut… je ne suis pas encore mort, preuve que cela est faux… ou alors la mort ne veut pas de moi sur sa faux…*

Une brise passe, faisant virevolter quelques mèches violettes qui recouvraient son visage. Fermant les yeux, son visage face au vent, il profite de l’instant de fraîcheur, ne se méfiant plus des regards posés sur lui. Depuis qu’il était sorti du lycée, il avait appris à vivre avec. Comme le lui avait dit sa tante « une beau jeune homme comme toi n’auras aucun mal à trouver quelqu’un » et elle avait… un peu trop raison. Sous le coup de la chaleur, s’adossant un peu plus contre la chaise, il défit un premier bouton, laissant découvrir un peu plus la chaîne qu’il garde sous son haut, avant de rejeter sa tête en arrière, lâchant un soupir de fatigue… le soleil pèse et la fatigue s’en ressent. La nuit est plus fraîche, plus agréable en ces temps caniculaire. Un gloussement résonne au fond de la salle, il se doute de la raison et de la réaction et, y pensant, il retint un rire léger, se contentant d’un léger sourire, avant de le perdre à nouveau pour retrouver l’un de ses sourires, l’un de ceux qu’il avait constamment avant, l’un de ceux qui le caractérisait. Cela, simplement car il se replongeait 4 années plus tôt, à l’hôpital… peu de chose, peu de mots, mais peut-être que tout c’était joué là… ou peut-être après. Il aime bien prendre les gens sous son aile, peut-être parce qu’il pense pouvoir les comprendre, mais même lui n’est plus sûr de cela. Il lui arrive, croisant son reflet dans le miroir, de s’en vouloir, à lui, à cet être reflété. Ainsi, parfois, il frappe le miroir, le brisant, se blessant, jamais assez pour ne pas aller travailler, du moins pour lui, jamais assez pour se pardonner à lui-même, mais juste assez pour que tout passe, sous le coup de la douleur, et puis, le lendemain, il irait en acheter un autre. Le soir précédent, en rentrant, il ne fit rien, se contentant de se coucher, complètement épuisé. Les nuits sont courtes, mais les clients sont nombreux… les vacances.

Son portable se met à vibrer dans sa poche, le sortant de sa torpeur. Ouvrant les yeux, se redressant, il le sort de l’espace restreint dans lequel il se trouve pour y découvrir un message : Son patron. L’homme d’affaire est assez proche de ses employés, il lui arrive leur proposer des repas entre collègue. Il lui a juste rappelé que, ce jour-là, il commençait une heure plus tard, l’heure précédente servant à mettre à l’essais un novice, au milieu d’un bain de foule, au début, voir s’il saurait tenir le coup si, un jour, il manquait quelques collègues à lui. L’homme, il l’appelle son patron, mais ce n’est pas véritablement le cas. Le véritable directeur de la boîte, il ne l’a, à l’heure actuelle, jamais vu, son « patron » n’est autre que son supérieur direct, celui qui s’occupe du recrutement et qui est leur aîné dans le métier. Il est dit que le directeur a changé… il le saurait bien assez tôt. Alors qu’il rangeait son portable, un serveur s’approche de lui, lui demandant ce qu’il voulait. Il avait déjà mangé un morceau chez lui et la faim ne le tiraillait pas…

« Un pastis me suffira pour l’instant… »

Des mots dans le vide, parmi tant d’autres, alors qu’il tendait au jeune homme le menu, sans le regarder, simplement les yeux posés ailleurs. Lassé, il rejette à nouveau sa tête en arrière, reprenant la même posture que celle qu’il arborait plus tôt. D’un simple regard, il aurait put affirmer que le serveur devait être nouveau… ce métier avait été le sien auparavant, et puis, il n’était pas particulièrement intéressant en d’autres termes… pas assez pour le faire oublier…

*Espérons que celui qui me servent soit un tant soit peu plus mignon, sinon je vais m’endormir et, encore, repenser… y repenser…*

- Dacoyo, deux Yokan à la table 5, un Yuzukiri à la table 1 et deux An-mitsu à la table 7 ! plus vite que ça voyons, les clients s'impatiente !
- Oui ! tout de suite chef !

Prenant les plats demandés le plus vite possible sur deux plateaux différent, tous deux portés sur un bras, le jeune Shim Dacoyo aujourd'hui complètement débordé s'apprêta à sortir de la cuisine quand on lui annonça qu'il devait, en plus du reste, prendre un pastis à emmener à la table 10 . N'ayant plus de place sur le premier plateau, il coinça le verre entre les deux Dacoyo Yokan (edit : aaah l'erreur XD ). Ce n'était pas très prudent étant donné qu'il était légèrement en équilibre comme ça . Mais il ne voulait pas s'encombrer d'un nouveau plateau juste pour un verre de pastis . Alors il sortit de la cuisine, débordé comme chaque Samedi midi . Le jour le plus chargé pour tout restaurant de Saint-Antoine . De plus, c'était la période la plus touristique de l'année, étant en vacance . Et ne parlons pas des heures ! le pire se déroulait souvent entre midi et une heure et demi de l'après midi . Dur travail pour quelqu'un de stressé comme Shim . Mais pour vivre il lui fallait de l'argent, et l'argent il le trouvait ici, dans ce restaurant typique Japonais . Un des restaurants les plus touristiques de la ville . Il était rare de n'avoir aucun clients, surtout un samedi midi !

C'est alors qu'en fermant la porte de la cuisine derrière lui, se retournant, il remarqua cette vague de monde, de personnes plus ou moins étrangères, assis à parler et à rigoler, sans se soucier du stresse provoqué dans les cuisines à cause de leurs commendes . Tout ce monde avait tendance à faire peur au jeune homme à la chevelure rosée, mais chaque jours, il essayait de se battre contre ça, contre son agoraphobie . Oui car en plus du reste, il était agoraphobe . La peur du monde et des autres, l'angoisse de trop se faire remarquer, d'attirer de mauvais regard, tout ça le tourmentait et le travaillait beaucoup . Mais souvent dans ce restaurant il n'avait pas le temps de penser à tout ça, et malgré la difficulté de ce travail, au fond, ça l'aidait énormément .
Il secoua alors sa tête, se reprenant et fronçant un peu les sourcils, un air un peu perdu mais tout de même sérieux affiché sur son visage beaucoup moins maigre qu'il y a quelques années . Oui, Shim n'était plus anorexique,il s'était remit à manger, il avait reprit un peu goût à la vie et en même temps son appétit .

Marchant et zigzaguant le peu d'espace qu'il y avait entre les tables du restaurant, il alla servir les personnes ayant commandées tous ces délicieux dessert . Mais tout ce bruit lui faisait faire des erreurs dans les prix des commendes, et notamment des erreurs de numéro de table . Étant assez maladroit et étourdit, le stresse lui montant à la tête, il avait oublié le numéro de la table où il devait servir les deux Dacoyo .
Restant planté en pleins milieu du restaurant, tandis que d'autres serveur se bougeait pour aller prendre les repas des clients, il commença à paniquer et à avoir chaud . Étant quelqu'un de migraineux, il ne tarda pas a avoir un mal de tête assez important .

* C'est pas vrai .... ah je ... je suis complètement paumé c'est pas possible ! bon alors ... table dix ? nan ... nan ça c'est le pastis ...oui tient ! je vais aller servir le pastis en attendant ! mais heu...table dix ... c'est dehors ? sur la terrasse ? donc à l'opposé de là où je suis ! oui ... bon ... ah et tout ce monde ! j'ai si mal au crâne ... il faut que je me ressaisisse pour ne pas passer une horrible journée ! pitié, faîtes que je me rappelle du numéro de cette fichue table .... *

Il soupira longuement et, s'apprêtant à traverser tout le restaurant, il se fit bousculer par un serveur un peu plus chargé que lui .
Manquant de tomber avec ses plateaux, son coeur se mit à battre très vite . Sa respiration devint soudainement irrégulière, la peur et le stresse se mirent brusquement à augmenter sous le choque . Tremblant comme une pauvre feuille morte, il n'osait plus bougé et se laissa faire engueuler et insulter par un de ses collègues .

- Ah mais c'est pas vrai ! encore en train de rêvasser Dacoyo ! bouge un peu tes fesses, on a du boulot ! et là tu bloque le passage ! pfff ! allez bouge toi !
- O...oui ! tout de suite !!

* J'ai eu tellement peur ! ah oui je rêve trop, je traîne trop ! allez, courage ! plus que quelques heures et après ce sera finit, j'aurais enfin mon jour de repos ! vivement ce soir ! bon allez, table dix, table dix ...*

Shim s'exécuta et libéra donc le passage, se mettant près du mur . Il recula un peu et tapa dans une table où il failli renverser le verre d'un client . Il se recula brusquement, se penchant un peu en avant, commençant à agiter sa main libre, un air désolé sur son visage . Il s'excusa à plusieurs reprises, tandis que le client, lui, ne se retint pas de l'injurier plusieurs fois . Oui, il avait failli renverser son verre, quelque chose de très grave ! ah, ces étrangers, toujours à se plaindre et à ne penser qu'à eux .

* Et dire qu'il faut être gentil avec ces gens là, soi-disant qu'on représente le Japon ! ..... ah, non c'est de ma faute c'est vrai, ah je suis perdu ! *

Il regarda un peu autour de lui et leva un peu les plateaux pour ne pas les faire tomber, là ça serait la chef tout comme on dit ! enfin bref . Il recommença à marcher aussi vite qu'il pouvait, s'excusant de passer si près des gens, le passage étant toujours aussi étroit . C'est alors qu'au bout de plusieurs petites minutes de pur stresse, il arriva enfin dehors . Que ce soit à l'extérieur ou à l'intérieur, c'était toujours aussi peuplé ! que de monde, que d'angoisse dans ce restaurant . Il se mit légèrement sur la pointe des pieds pour voir et repérer la table dix . Rappelons que Shim faisait à peine 1m60, ce qui était assez difficile de tout repérer dés le premier coup . Enfin bref, vêtu de sa chemise blanche, de son tablier, de sa cravate et de son pantalon serré, tout ça en noir, le jeune Shim se dirigea vers la dîtes table dix . Trop stressé pour faire attention aux visage des gens, il se rapprocha de l'endroit voulu, c'est alors qu'un enfant d'à peine 5 ans, insupportable, criant et courrant partout, se faufila dans les jambes du petit serveur qui était maintenant juste en face de son client assis à la table dix . Perdant brusquement l'équilibre il bascula en avant, renversant les dessert et le pastis sur son client (donc Hiren) . Se redressant presque aussitôt et culbutant un objet par terre, il tomba cette fois-ci en arrière, se cognant violemment le derrière sur le sol de la terrasse . Tout mouillé mais tout de même un peu moins sale que son client, le jeune adulte attira tous les regards, et un lourd silence s'imposa bien vite sur la terrasse .

* c'est pas vrai !! non ! non !! comment ai-je pu faire cette erreur ?! je vais me faire engueuler, privé de salaire ! renvoyé ! j'y était presque, presque ! en plus tout le monde me regarde ! c'est l'horreur ! atroce ! je me sens tellement mal ... arrêtez de me regarder comme ça ! arrêtez de chuchoter ! arrêtez de rigoler ! ce n'est pas drôle, mettez-vous un peu à ma place ! *

N'ayant pas le temps de penser au mal provoqué et à autre chose, il se releva avec difficulté, le pantalon complètement trempé, étant juste tombé dans la flaque de pastis, ou plutôt dans le restant de pastis par terre . Le visage aussi rouge qu'une écrevisse, tremblant de peur et de honte, il voyait déjà le pire arriver . Il sortit tout de même une serviette de son tablier, n'ayant toujours pas levé la tête vers son client, puis il commença à essuyer les dégâts sur la table, commençant à sortir un tas d'excuses .

- Désolé ! je suis désolé ça ne se reproduira plus ! nous allons vous offrir le pastis, je suis sincèrement désolé monsieur, je ... je n'ai pas fait exprès, il y a tellement de monde, le travail est si dur ici je ... excusez-moi encore, jamais ça ne se reproduira ! je.. je vous laisse une serviette sur la table, une autre serviette pour vous essuyer !!

Continuant toujours d'essuyer la table, il prit un léger mouchoir en tissu qui était dans sa poche et le posa sur un coin propre de la table . Les larmes aux yeux, il se recula par la suite et, sans regarder son interlocuteur, Shim se courba, s'excusant une dernière fois, se doutant bien que quelqu'un du personnel aller venir voir les dégâts et le dire au patron .

* Je suis vraiment un bon à rien !! *

C'est alors que, peu de temps après, alors que le silence devenait de plus en plus lourd, sentant les regards encore plus sur lui, il entendit les pas d'une personne qu'il connaissait depuis maintenant pas mal de temps . Et cette personne n'était autre que le patron du restaurant . Et bien,il n'avait pas mit longtemps pour venir, comme quoi le bruit courrait assez vite . Il sentit alors son coeur battre un peu plus vite, le plus possible je dirais . Il avait tellement peur de cet homme, tellement peur de perdre son travail . Car sans travail il n'avait plus d'argent, et sans argent il était incapable de payer son loyer ou encore de la nourriture . Ses pensées pouvaient aller très loin, juste pour un plateau renversé . Mais à vrai dire, le personnel était tellement dur et stricte avec lui que tout était possible ! en tout cas, pour lui . Bref, il respira un peu plus fort, entendant son patron crier et s'excuser auprès du client .

- Je suis franchement désolé ! Ce petit est si maladroit ! vous pourrez mangez gratuitement ne vous en faîtes pas ! Dacoyo !!

* Ca y est, je vais me faire "tuer" .... *

Il sentit alors les mains de son patron sur ses épaules, c'est alors qu'il se fit redressé assez brusquement, n'ayant pas le temps de voir le visage du client qui n'était autre qu'Hiren . A présent face à l'homme dont il avait le plus peur, il baissa le regard, toujours aussi rouge de honte, tremblant de tout son être . Ce n'était pourtant pas si dramatique que ça, mais vous savez, dans un restaurant, la moindre erreur était fatale (bazooka ... désolée pas pu m'en empêcher ) .

- Tu n'fait donc que des conneries ! pas assez rapide, rêveur paraît-il ! au lieu de rêver, agit un peu plus et mieux ! tu n'vas sûrement pas t'en tirer comme ça ! si je remarque une baisse de clientèle je saurais de qui ça vient ! non mais c'est pas possible ! regarde-moi quand je te parle !!

Gêné et suite à la dernière remarque de son interlocuteur, Shim se pressa de relever la tête et de regarder timidement son supérieur . Un homme assez, voir même très grand, brun, assez baraqué et un peu rond . Un air pas toujours sympathique affiché sur son visage d'homme de la quarantaine, et ce n'était sûrement pas avec le petit Dacoyo qu'il allait se montrer amicale .

- Ne fait pas cette tête !!
- Je... je suis désolé Monsieur Azakuma ! cela ne se reproduira plus ! je vous le promet ! j'étais juste légèrement stressé et un enfant est venu me perturber, j'ai basculé et ...
- Cesse donc tes excuses bidon ! et ne reproche pas tes erreurs aux pauvres clients qui ne demandent que de manger tranquillement ! imagine, être déranger par un pauvre serveur incompétent ! est-ce que cela te donnerait envie de revenir ?
- Je ...
- Non, bien évidemment !!
- Encore désolé Monsieur....

* Ne pas pleurer, je serais encore plus lamentable ! il faut que je me ressaisisse, et vite si je veux garder mon travail ! .... *

Le bruit intempestif des discussions qui l’entourait, lui, dans son silence, dans ses pensées, les yeux fermés… ailleurs. Des hommes parlaient entre eux, des femmes faisaient de même, parfois pour le travail, parfois entre amis, les autres restant silencieux, comme toujours. Quelques couples venaient, manger en amoureux, s’échanger quelques mots doux presque inaudible au milieu des phrases bruyantes qui étouffaient l’air et sa sourde parole. Echange d’amour, échange de mots, poignée de main contre poignée de cœur, paperasse signée et baiser se rencontre au détour d’un café, les alliances s’entrechoc au rythme des touches de portables, tout se mélange peu à peu, un orchestre d’horreur et de bien être qui se mêle, le tout dans la plus grande intimité, ouverte aux regards indiscret. Un restaurant est vraiment une des sources de toutes les plus grandes banalités et grandeur d’une vie. Amitié, amour, travail, tout cela assis à une table quasi-identique. Il esquisse un sourire ironique, la vie est drôle… elle démontre que même la solitude peut s’asseoir à table et manger. Quelqu’un semblait légèrement hausser le ton au milieu de toute ça, sans doute l’objet dans le tableau, celui qui, aussi représentant qu’un meuble, n’est rien d’autre qu’une pièce qui reste inexistante tout en restant importante, le personnel. L’un haussant le ton, l’autre semblant s’effacer, sans doute une histoire sans importance… tout lui semble si léger depuis ces derniers temps. Une histoire, un cœur, un « oui », un « non », se lever le matin, l’argent… tout… tout semble être si simple à obtenir… et si simple à perdre. Il se retint de rire. Tout revient à la normal, le même bruit sans consistance car, oui, il n’y a rien de bien important pas vrai ? Et puis… l’amour, ce dont on fait l’éloge constant, ça vous prend, ça joue avec vous et ça vous laisse au sol, dans votre propre mort, dans votre propre corps, mais si loin de tout. S’en est trop, il ne peut plus se retenir et laisse échapper un rire qui passa inaperçus au milieu de la foule dense dont les mots dansaient entre les verres et les couverts. Une famille, des enfants, peut-être plus bruyant que les autres, certains semble même se lever de table, pas bien malin. Glissant une main dans sa poche, il ouvre, d’un geste sec du pouce, une boîte d’un carton mi-fin, encore entouré de son plastique. Y extirpant une cigarette, il la porte jusqu’à sa bouche, la tenant à la vertical entre ses lèvres, son visage étant basculé en arrière, ses cheveux se perdant dans le vent. N’ouvrant toujours pas les yeux, il se munit de son briquet, récupéré dans son autre poche. L’amener lentement jusqu’au fin cylindre blanchâtre et l’allumer, la flamme à l’abri du vent derrière son autre main. Inspirer une fois, d’un coup sec, avant de ranger son briquet, relâchant la bouffée de fumée dans l’air. Il n’y a rien de plus stupide qu’une cigarette. Ca s’échappe en fumée, ça vous brûle les poumons, ça vous fait perdre de l’argent, ça vous tue l’haleine, ça vous fait perdre plus vite haleine, mais… tout est dans le geste comme on dit. Encore une fois il se retint de rire. Portant à nouveau l’objet à ses lèvres, il entend quelques cris simultanés dont une fois qui semblerait presque familière, puis, une sensation de fraîcheur… sa cigarette est éteinte. Son geste lui a, semble-t-il, valut de ne faire que « sentir passer » des plats qui l’ont frôlés… mais il a belle est bien reçut son pastis… d’une drôle de manière dirons-nous. Des paroles dans le vent, des gestes qui lui semble perdu, tremblant, alors qu’il se contente de jeter sa cigarette, éteinte par le liquide précieux. Des bruits de pas résonne au milieu du silence qui vient de faire son apparition… le pauvre, il ne doit pas se trouver au meilleur de sa forme vu la situation. Relevant la tête, les yeux éternellement fermés, il entendait une voix plus forte, plus rauque, entonner un chant d’excuses non loin de lui. Ne se préoccupant que peu de cela, il glissait sa main sur sa chemise, avant de caresser le bout de ses doigts de sa langue… c’est belle et bien son pastis. Alors qu’il se levait lentement, agitant d’un coup sec ses bras pour se débarrasser du surplus de liquide, son « pauvre martyr » semblait se faire sermonner. Deux choses lui venait à l’esprit, la première, il ne pourrait assurément pas se servir de cette tenue pour ce soir. La seconde, il n’aimait pas les envolé lyrique exagéré pour un simple verre de renversé. Ouvrant légèrement les yeux, se dirigeant vers le patron, il posa sa main sur l’épaule du serveur sur lequel il ne posa pas un regard, se contentant de fixer son supérieur, son geste exprimant assez fortement l’idée qu’il le « remplaçait ». S’arrêtant à, à peine, un mètre de l’homme, il lui souris légèrement, d’un sourire narquois, plongeant son regard dans le sien, se retenant de rire alors que ce dernier semblait hésiter entre agir pour un client, par hypocrite sympathie, ou pour un de ses employé, ce dernier prenant la défense de l’un de ceux-ci. Main gauche dans sa poche, l’autre qu’il agitait devant le visage de son interlocuteur au rythme de ses mots, comme le ferait certains italien, la voix presque ironique, tentant de masquer son rire tant bien que mal…

« Pourquoi haussez-vous le ton sur votre employé monsieur ? Moi, personnellement, je suis entièrement satisfait du service ! Je ne savais pas si prenait, ou non, cette tenue pour aller travaillé ce soir, il m’a répondu ! Il m’a empêché de me détruire la santé en éteignant ma cigarette et il s’est même excusé pour ça, pour terminé le tout, niveau clientèle, je pense que certaines sont ravit qu’un verre vienne forcer le « moulant » de ma tenue ! »

A la fin de sa phrase, une bonne moitié du restaurant se retourna pour regarder ailleurs, rouge… la majorité était des femmes. Etrangement, le silence fut brisé à la fin de sa tirade, les murmures montant de plus en plus fort, laissant glisser quelques mots jusqu’aux oreilles du directeur du restaurant… il semblait que quelques clients du restaurant étaient des habitués des soirées nocturnes car ils avaient déjà vu, voir simplement, entendus parler de l’homme qui se dressait, désormais, devant l’imposant patron, ne masquant pas le sourire presque provocant qu’il affichait. Il y eut un instant de flottement pour l’homme avant qu’il réponde, finalement, se décidant à agir pour ne pas perdre de sa crédibilité.

« Vous… vous cherchez des excuses à un des membre de mon personnel mais je vous assure que cela ne sert à rien, de plus, il est assez maladroit et ce n’est pas la première fois qu’il nous cause des soucis. Si vous avez quelque chose à dire sur lui, ne vous gênez surtout pas, de toute manière je pensais justement à le… »
« …garder parmi mon personnel pour les quelques mois à venir au moins. »

Instant de silence tandis que les mots mal assurés et, restreint à la politesse, s’était fait succédé par une phrase d’une assurance presque impolis, lui coupant la parole. Ce bruit sourd à nouveau brisé, toujours le même sourire, toujours ce même visage arrogant, presque déjà vainqueur…

« Ce n’est pas ce que vous alliez dire ? Non parce que ce serveur me plaît bien, je n’aime pas la perfection, alors montrer qu’un membre du personnel, au moins, est « humain » est sensible aux difficultés me toucherait presque, alors, si vous ne le gardez pas… je me verrais vraiment dans l’obligation de vous rayez de mes restaurants de passage… Mesdames, je vous tiendrez au courant du suivant ! »

Pour la fin de sa phrase il se tourna vers la salle, affichant un sourire séducteur et une mine enjouée. Ses dernières paroles furent ponctuées de quelques gloussement mal retenus, venus du fond de la salle tandis que, d’autres, restaient discrètes… ou discrets.

« Enfin, je parle… mais rien ne l’est oblige à me suivre, je ne suis qu’un client parmi tant d’autre après tout… je rappelle, profitant de la situation, ce soir nous ouvrons aux mêmes horaires que d’habitude mais je vous conseil la première heure, je n’y serais pas mais un nouveau barman vient d’arriver et, peut-être vous plaira-t-il mesdemoiselles… cela restant entre nous bien entendus ! »

Un clin d’œil accompagné d’un bref geste de la main avant de se retourner vers le serveur dont il avait prit la défense, le même sourire aux lèvres, mais, à l’instant où il croisa son visage, il put enfin réaliser que, durant toute sa prestation, il n’avait jamais croisé, ne serait-ce que l’espace de quelques secondes, son regard… ce regard dont il se souviendra toujours. Ne perdant pas l’expression de surprise qui s’était incrusté au plus profond de ses traits, il s’avança vers lui, caressant les larmes qui perlaient aux coins de ses yeux de ses doigts fins, lui souriant à nouveau, de ce sourire qu’il lui avait offert, il y a longtemps… ce sourire… heureux ?

« Tu ne te rappelle pas de ce que je t’avais dis ? Je te préfère avec le sourire ! »

Une voix douce, délicate… il n’avait plus parlé comme cela depuis longtemps… depuis quatre ans, non ?